1,2,3, Furets
Santé et alimentation

20 janvier 2015, par sans_dec

10 mauvaises raisons de faire saillir sa furette (quand on n’est pas informé)

La saison des amours est l’occasion pour beaucoup d’entre vous de céder à la tentation de faire faire des petits à votre furette. Mais est-ce une fausse bonne idée ou une vraie galère ? L’idée n’est pas de nous lancer dans un discours moralisateur, mais bien de faire le point sans jugement pour vous aider à y réfléchir.

1- Parce que la furette a besoin de faire des petits au moins une fois dans sa vie

Ce mythe de l’épanouissement de la femelle — qu’elle soit furette, humaine ou martienne d’ailleurs — est, comment pourrait-on dire… horripilant pour beaucoup de femelles. Même s’il est vrai qu’aucun sondage n’a été effectué chez les furettes.

Cependant, il y a deux choses à savoir :

2- Pour avoir des furetons

furette allaitant

C’est tellement évident que je devrais être foudroyée sur place pour avoir lâché cette ânerie… Et pourtant, quand les gens invoquent cette raison, ils sont bien incapables d’argumenter cette motivation.

Avoir des furetons, oui, mais pourquoi ?

Certains vont évoquer le bonheur d’être grands-parents d’un petit bout. Nous leur rappellerons juste que leur bébé ne va pas leur faire un, mais une petite dizaine de petits bouts. Il faudra assumer la santé et le placement de 5 à 12 furetons.

D’autres évoqueront juste l’envie d’avoir des bébés, sans mentionner si c’est pour avoir des petits bouts gratuits ou si c’est pour se faire mousser auprès des copines. Mais nous parlons d’êtres vivants, et une portée, ça ne s’invente pas. C’est un métier ou une affaire de personnes formées et compétentes. Transférer votre désir de maternité sur votre furette peut vite devenir un calvaire pour elle, pensez-y.

3- Parce que la reproduction, c’est pas sorcier

Justement, si. C’est un peu, quelque part, jouer les apprentis sorciers. Sur le papier, nous savons, en tant qu’adultes, comment fonctionne la reproduction. Ce qui ne veut pas dire que nous en maîtrisons toute la complexité biologique.

Des furettes sont mortes à cause d’une nourriture mal adaptée. Des furetons sont morts suite à une mammite non détectée. Beaucoup d’incidents peuvent venir perturber votre moment de bonheur juste parce que vous n’avez pas été formé(e) à les déceler. Élever des furets, même pour une seule portée, c’est du travail. Car il faut veiller au bien-être de votre furette et de vos furetons, ainsi qu’à l’hygiène de son nid.

La sélection des reproducteurs ne se fait pas à la légère. Et surtout, ne faites pas reproduire d’animaux dont vous ne connaissez pas l’arbre généalogique, au risque de reproduire des tares très graves.

4- Parce qu’un badger/silver/arlequin/rayez les mentions inutiles c’est trop beau

Fureton et poussin
Cette jeune angora est sourde de naissance.
La surdité est très courante chez les furets tachés.

Si ces couleurs sont à la mode, elles sont dangereuses pour le devenir du patrimoine génétique du furet. Là encore, jouer avec la génétique peut s’avérer être plus sorcier qu’on ne le croit. Ne serait-ce que parce que les risques de tares plus ou moins lourdes, allant de la surdité partielle à l’apparition d’un cancer, se transmettent de génération en génération.
Par exemple, le cancer de la rate est héréditaire, et on voit se multiplier des formes juvéniles de lymphomes [1]Le lymphome est un cancer du système lymphatique chez le furet et apparaissant avant l’age de 2 ans et dont l’origine peut être génétique et/ou infectieuse .

Il est très fréquent que les furets badgers ou silvers soient sourds et transmettent cette tare à leurs descendants. De même, si vous pensiez faire reproduire votre femelle angora, sachez qu’elle ne produira pas de lait, que le biberonnage est quasi impossible et que trouver plusieurs mères de substitution est un travail à plein temps, si tant est que lesdites mères acceptent les petits d’une autre et ne les tuent pas.

Pour éviter ce genre de problème, les éleveurs sélectionnent rigoureusement leurs reproducteurs. Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, alors en tant que particulier, sans information fiable, vous prenez le risque de perdre votre furette ou de devoir ramasser des cadavres morts-nés dans la cage.

5- Parce qu’implanter ma fifille cette année c’est pas possible financièrement

Mais lui faire faire une portée vous coûtera nettement plus cher.

Vous ne souhaitez pas voir votre furette vous faire des crises de diarrhées ou mourir dans les 12 mois qui suivent ? Il faudra donc que votre furette et son étalon soient testés ADV/ECE/copro. Ces tests vous coûteront à l’aise l’équivalent d’un implant.

Si cela ne suffit pas : sa nourriture ainsi que celle des petits vous coûtera un bras. Si votre furette a un problème durant sa gestation, il vous faudra vous fendre d’une échographie et d’un suivi chez le vétérinaire. Les petits devront être sevrés correctement et vermifugés selon un protocole très rigoureux. Tout cela a un coût que ne compensera pas la vente des furetons, ou très partiellement. Ce qui sauve un éleveur professionnel c’est qu’il ne bénéficie pas des mêmes tarifs chez le vétérinaire, le pharmacien ou le boucher.

Ne vaudrait-il pas mieux en parler au vétérinaire afin qu’il vous accorde un paiement en plusieurs fois pour un implant ou une stérilisation (selon son age) ?

6- Parce qu’un bébé c’est trop mignon


Mais il paraît, par contre, que le nid d’une portée dégage une odeur extrêmement forte. Donc oui, c’est mignon, mais ça empeste un peu la campagne… et c’est surtout fragile.

Et ça nécessite une entretien et une attention constants. Et puis, soulignons-le lourdement et saupoudrons-le de « et puis », un furet atteint sa taille adulte en 5 mois. Donc c’est mignon, mais pas longtemps.

Et puis un bébé, ça s’éduque. Il faudra effectuer les premières manipulations afin d’éviter que l’adoptant ne parte en courant à la première morsure.

Et il vous faudra, enfin, supporter le caractère de votre furette. Une bonne mère défendra ses petits, même contre vous. Votre choupinette se transformera en furie pour le bien de ses petits. Donc, vous devrez lui foutre une paix royale au minimum les 10 premiers jours. En général, ceux qui postent des photos des bébés de quelques jours profitent du temps de nettoyage ou du repas de Môman. Mais il est vivement déconseillé de les manipuler tant qu’ils ne commencent pas se déplacer.

7- Pour en garder un

Nous l’avons déjà souligné plus haut : la moyenne d’une portée est de 7 à 8 furetons. Que vont devenir les autres ? D’autant qu’acheter un fureton chez un éleveur ou un naisseur qualifié devrait, logiquement, vous coûter moins cher que de prendre soin de votre ribambelle de crevettes roses.

8- Parce que j’arriverai à trouver une super famille aux petits…

Sur le papier, l’intention est bonne. Mais comme dit le dicton : « L’enfer est pavé de bonne intentions ». Les gens qui viendront voir vos loustics ou seront intéressés ne manqueront, ni de motivation, ni de bonne volonté. Ils veulent un fureton, ils feront donc le nécessaire pour l’obtenir… Au début. Ils vous paraîtront vraiment être des gens biens.

Mais nombreux seront ceux qui vous laisseront sans nouvelles des petits, les refourgueront sur le premier site de petites annonces venu (et parfois le même que celui que vous allez utiliser pour recruter vos super familles), leur feront faire des petits à leur tour avec d’autres furets dont ils ne savent rien, ou pire, laisseront négligemment la porte ouverte pour qu’ils fuguent.

Le « oui mais à moi, ça n’arrivera pas » est une illusion bien amère pour laquelle de pauvres furets qui n’ont rien demandé paieront un lourd tribut. Même aux meilleurs, ça arrive, et plus souvent qu’on ne le croit.

9- … Et si je n’arrive pas à leur trouver une famille je les garderai

Si vous pouvez envisager de garder 5 à 12 furetons et que vous assumez de nourrir et de prendre soin de la troupe, pourquoi pas ? Il faut juste garder à l’esprit que 12 vaccins, 12 implants, et de quoi nourrir tout le monde, cela a un coût. Il faut également loger tout le monde et leur offrir un environnement adapté.

Pour 12 furets (adultes) nourris mixte, on compte à peu près, par an, 14 cartons de poussins, 250 à 300kg de viande et pas loin de 30 kg de croquettes de dépannage. Si vous pouvez assumer, alors c’est à vous de voir.

10- Parce qu’il y a des associations pour les récupérer

Et là je vois pointer dans votre cerveau le gigantesque « oui mais les miens n’atterriront pas en asso ». Pourtant, si vous placez vos furets, il y a de fortes chances pour qu’on en récupère une partie. Et sans vouloir être faussement alarmiste, l’état dans lequel on les récupère est parfois déplorable.

Il est à noter également que la majorité des furets qu’on retrouve en fourrière ou dans la rue ne sont probablement pas des furets d’élevage. Quand bien même, le marché commence à être saturé car le nombre de naissances et de portées a explosé ces deux dernières années.

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, peut-être aurez-vous compris qu’il n’est pas question de vous faire la leçon, mais bien de vous demander de réfléchir avant d’envisager de faire faire une portée à votre furette. Car les paramètres sont beaucoup plus nombreux qu’on ne le croit, et nombre de passionnés de furets ont vu des abomination à chaque saison de repro, pouvant aller jusqu’au décès de la mère et de ses petits. Alors, si vous l’aimez, ne foncez pas tête baissée sans vous être documenté de façon rigoureuse.

References

References
1Le lymphome est un cancer du système lymphatique chez le furet et apparaissant avant l’age de 2 ans et dont l’origine peut être génétique et/ou infectieuse

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